Mady Ménier, « Ipoustéguy, Sculpteur français »
Ce n’est qu’à partir de 1949 qu’il se consacre à la sculpture. Adam l’impose au Salon de mai de 1956. La Rose (plâtre, haut. 1m) où une main enserrer le vide, est œuvre prophétique. Elle passa totalement inaperçue. Comme tous les artistes de sa génération, Ipoustéguy subit l’attraction de l’Abstraction et, surtout, celle de Brancusi. Un voyage en Grèce en 1962 est une étape importante. Ipoustéguy donne alors de grandes figures soit seules (Le Torse, 1962; l’Homme, 1963), soit dialoguant avec un site (le Discours sous Mistra, 1964, et le célèbre Alexandre devant Ecbatane, 1965, qu’il fait réaliser en polystyrène expansé puis en fonte de fer).
Il exploite en 1966 toutes les ressources du bronze dans deux de ses œuvres les plus connues, l’Homme passant la porte et, très différente, la scintillante Femme au bain. Sa vie est alors marquée par des deuils intimes, commémorés dans le marbre : la Mort du père (1968) ; l’Agonie de la mère (id.).
Il reçoit des commandes – qui seront autant de refus, quelque divers que soient les commanditaires. Ses camarades de la Gauche prolétarienne refusent le monument à la mémoire d’un militant maoïste, P. Overney (Ipoustéguy en tire la Mort du frère, 1968), se montrant paradoxalement accordés esthétiquement avec l’Église catholique américaine : la Mort de l’évêque Newmann (bronze et marbre, 1976) ne prit pas place dans la cathédrale de Philadelphie, dont elle épouvanta le clergé. Il ne restait plus à Ipoustéguy qu’à essuyer les rebuffades de l’armée française : le Val-de-Grâce ira enrichir la Kunsthalle de Darmstadt.
L’Allemagne, en effet, admire beaucoup Ipousteguy, plus que la France, où il est loin de faire l’unanimité. Son Monument à Louise Labé (1982), à Lyon, n’a pas convaincu. Son Monument du Bicentenaire est placé à Bagnolet dans un environnement qui le dessert.
Grand prix national des arts en 1977, fécond dessinateur, illustrateur, Ipoustéguy a des œuvres dans les principaux musées européens (en France, en Allemange, au Danemark, en Italie), aux États-Unis Baltimore, Pittsburgh, Yale University), au Canada, en Israël.
Mady Ménier
Ancienne conservatrice du Musée d’Art Moderne
Professeure à l’Université Paris I
Dans Le Dictionnaire de la sculpture, Larousse, 1992